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Conversation animée avec Noam Chomsky

Michel Gondry est un cinéaste génial, barré, iconoclaste. Eternal Sunshine of the spotless mind, La science des rêves, Soyez sympas, rembobinez sont autant d’exemples illustrant sa capacité à s’affranchir des barrières.

Parmi ces nombreuses lubies, Michel Gondry voue une admiration profonde pour le grand universitaire américain Noam Chomsky. Et l’autobiographie de cet intellectuel d’exception pourrait remplir plusieurs encyclopédies par ses avancées fondamentales en linguistique et son engagement politique en faveur de la démocratie. Gondry qui rêvait de prendre le linguiste pour sujet d’observation, s’est essayé à montrer la réflexion de ce monument de la pensée humaine sans jamais en oublier l’homme.

Gondry habille les monologues géniaux du vieux sage d’un graphisme maison, fait de brics et de brocs, dans une accumulation d’images variées directement sorties du cerveau de ce Géo Trouvetou tricolore. La narration aride gagne en dynamisme, les propos savants perdent en obscurité et les idées deviennent aussi plaisantes que lumineuses. Gondry use subtilement de gribouillis pour faire ressortir la substantifique moelle d’une pensée complexe.

Une démarche payante pour le réalisateur qui arrive aisément à nous faire rire, penser et s’interroger. Les exemples choisis sont des ponts vers l’abstraction qui, choisis dans la pensée et la vie de Chomsky, parlent au tout à chacun. La vie de Chomsky est elle-même assez parlante, preuve ultime que les mots peuvent devenir action. Imaginer qu’un vieux bonhomme de 82 ans aux problèmes physiques nombreux ait pu traverser le monde pour apporter son soutien à de nombreuses causes universitaires reste fou. Cet homme se livre ainsi paisible, serein, exposant simplement sa vision du monde.

Conversation animée avec Noam Chomsky s’affiche comme un grand bol d’air frais tant dans son fond que dans sa forme. Les élucubrations de ses vingts premières minutes restent quelque peu ennuyeuses mais le film gagne en empathie quand le vieil homme se dévoile. Le spectateur ne peut qu’être conquis devant la vie et l’œuvre de Noam Chomsky, et puisque l’homme sage se fait rare, il serait idiot de louper l’occasion d’en côtoyer un et ce, même le temps d’un film.

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