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Les amants du Texas VS Ma vie avec Liberace

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Combat de styles en salles cette semaine avec deux films US aux allures franches et distinctes. Deux histoires maniérées, présentes toutes deux aux sélections Cannoise de cette année. Retour sur un duel qui se révèle pas si improbable en définitive, entre over-look et infortunes amoureuses. Verdict.

Bottes crasseuses VS Bagues bling-bling

Rencard au pays de l’oncle Sam pour suivre la trace de ces récits, deux complaintes aux faits nichés quelque part entre le Texas et Las Vegas. Un voyage longuet sur une route au point de chute anecdotique mais peu sinueuse pour autant.

Nouveau visage du film indépendant, David Lowery signe avec “Les Amants du Texas” son deuxième long métrage. Une virée poussiéreuse en terre texane des seventies, avec nature omniprésente et flare assumé, un paradis pour fanas de chemises à carreaux à tendance hipster. Le ton est donné, le scénario faiblard n’enlèvera alors en rien la beauté des images ultra-travaillées du film, récompensé d’ailleurs et à juste titre pour sa photographie au festival de Sundance.

Loin de l’aridité choisie par son confrère, Steven Soderbergh préfère quant à lui nous noyer littéralement dans une mer agitée emplie de reflets clinquants. Le réalisateur signe un biopic efficace où rien ne se joue sans cape ni baguouse, l’apparat est définitivement de mise pour ce petit joyau. Une pierre qu’il a fallu toutefois rendre précieuse aux yeux de ses réfractaires. Jugé trop “gay” par une Amérique jouant la timorée, ce film a toutefois su trouver sa juste place en salles dans nos contrées. “Ma vie avec Liberace” éblouie, déverse généreusement ses paillettes et ce film annoncé comme le dernier du réalisateur jouit d’une abondance presque synonyme.

Romantisme absolu VS Amitiés amoureuses

Si nos deux films ont choisi d’aborder l’amour, ils ne l’envisagent pas vraiment de la même façon. Quand l’un s’éprend silencieusement, l’autre s’épanche en chanson, mais tous deux feront les frais d’une passion tant persévérante que destructrice.

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« Les amants du Texas », en son titre, nous positionne face à ce duo emblématique qui va faire le film. Une sorte de Bonnie and Clyde de seconde main, jeunes et beaux mais tellement naïfs. Ruth (Rooney Mara) et Bob (Casey Affleck) pensent s’aimer au delà de tout, et leur amour va vite être mis à rude épreuve puisque nos amants se retrouvent entre les mains de la police suite à un braquage qui tourne mal. Bob n’aura alors d’autre choix que d’aller croupir quelques temps en prison tandis que Ruth, enceinte, va devoir faire naître et élever seule leur enfant.

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« Ma vie avec Liberace » retrace la vie mouvementée et excentrique du célèbre pianiste américain. Liberace (Michael Douglas) a été, des années 50 aux années 70, une figure de réussite et du monde de l’entertainment. Un véritable showman au talent indéniable et à la popularité telle que son homosexualité devait rester secrète pour son public. Le film revient alors sur son histoire avec le jeune Scott Thorson (Matt Damon), une relation de cinq années haute en couleurs, une liaison orageuse finalement rendue publique.

Rêveries obsessionnelles VS Narcissisme compulsif

Fidèle à son Bob, Ruth attendra coûte que coûte qu’il vienne la chercher à sa sortie de prison. Mais lorsqu’il s’échappe avant l’heure, ne supportant plus la séparation, cette dernière devenue mère ne sait plus vraiment sur quel pied danser. Amorphe elle n’envisage plus la cavale, et encore moins avec leur petite fille dans les bras. L’amour idéaliste et tenace qui lie notre duo est menacé, ce qui n’était plus qu’un rêve lointain ne peut aujourd’hui venir menacer un quotidien au bonheur fragile. Les amours impossibles ne survivent qu’un temps, mais quand la fougue et l’innocence ne sont plus, rester fidèle à ses espérances va se révéler un cauchemar.

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Artiste exubérant, Liberace fascine autant qu’il le peut, cultivant sans cesse l’excès à la ville comme à la scène. Lors de leur rencontre rien ne destinait ces deux là à s’entendre, Liberace et Scott, d’âges et de milieux sociaux différents, se sont pourtant apprivoisés au delà de leurs espérances. Absolu et narcissique, leur amour se joue des extrêmes, en coulisses, brillant la nuit et grinçant le jour. Tour à tour, amis ou amants, nos tourtereaux franchissent les limites du raisonnable au point de vouloir se ressembler physiquement tel un père et son fils. Du bonheur mis à mal par des dépendances, des joies par des peurs infondées et la rupture de ce couple mythique va se transformer en véritable tragédie.

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« Les amants du Texas » et « Ma vie avec Liberace » se révèlent ainsi deux films fragiles, deux histoires où nos binômes ne parviennent jamais réellement à nous toucher. Dévoilant chacun à leur manière une froideur décevante, une cadence engourdie, deux démarches à la fois pompeuses et picturales. Pourtant baignées de lumière, nos historiettes finissent inexorablement par s’éteindre sous nos yeux désabusés.

David Lowery avec son récit hors du temps, mi gangsta mi drama, joue la carte du romantisme à la sauce naturaliste avec la prétention nonchalante du débutant. “Les amants du Texas” singe alors plus qu’il ne propose, n’est pas Terrence Malick ou Jeff Nichols qui veut.

Quant à Steven Soderbergh, pour notre futur retraité du septième art, derrière les strass l’essai ne brille pas de son originalité. « Ma vie avec Liberace », se révèle artistiquement jouissif mais demeure loin d’être une œuvre militante, préférant se concentrer sur son pied de nez à l’industrie hollywoodienne. Ce qui restera certainement de ce film toutefois, ce sont les prestations époustouflantes de Michael Douglas et de Matt Damon, sans qui, indéniablement, ce film n’aurait qu’une saveur mitigée.

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