L’équipée d’un fils handicapé et de son père, ancien athlète, tentant de resserrer leurs liens distendus à travers une lourde épreuve sportive.
Sujet hautement touchant, à énorme potentiel lacrymal, avec une émotion à fleur de peau et une empathie naturelle pour cette histoire de courage familial et de lien filial. Sujet complaisant diront certains, l’argument est valable jusqu’à un certain point mais ne peut éclipser la belle histoire de dépassement de soi.
Julien est un adolescent cloué à son siège du fait d’un problème neurologique. Son horizon limité ne l’empêche pas de se rêver plus haut et plus loin. Son père a instauré une distance avec son fils, que celui-ci tente de combler en lui proposant de faire un triathlon (l’Iron Man) ensemble. La volonté du fils a tôt fait de convaincre l’ancien athlète ainsi que la mère de Julien. L’entrainement peut débuter, le temps presse pour être prêt à avaler 3,5km de nager, 150 km de vélo et un marathon en moins de 16 heures !
Déjà, la bande annonce touchait en plein cœur et attisait des larmes perverses aux coins des yeux. Le film a été bien pire, difficile de rester de marbre devant un fils réclamant l’amour paternel jusque là quelque peu refusé, surtout quand le fils n’a pas les mêmes chances que les adolescents de son âge. Loin de se morfondre, Julien insiste mordicus… Joué par un Fabien Héraud bouleversant de sincérité, il convainc Jacques Gamblin (alias le Français moyen idéal) et Alexandra Lamy (rayonnante en mère courage).
L’épisode de l’Iron Man fait véritablement mal aux bras et aux jambes puisque tourné en live. Mais cette épreuve fait néanmoins toucher les limites du film. Non pas qu’un documentaire eut été forcément plus touchant, quoique plus crédible, simplement l’émotion paraît falsifiée quand Jacques Gamblin semble perdre toutes ses forces en renversant les limites de son corps. Visiblement affuté et sans un pet de graisse, il a échappé à l’épreuve véritable… et sans en lui tenir rigueur, l’immense émotion du film en est diminuée. L’acteur est en souffrance, mais jusqu’où cela est joué ?
Force est d’admettre que cette histoire de courage et de dépassement de soi impressionne par sa justesse et son lot de bons sentiments. Ne faisons pas la fine bouche et apprécions cette belle œuvre de Nils Tavernier, jamais voyeuriste ni racoleuse, toujours juste et touchante.