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Pompei, Sotto le Nuvole de Gianfranco Rosi : un chef-d’œuvre visuel et narratif en forme de puzzle captivant
Dans « Pompei, Sotto le Nuvole », Gianfranco Rosi sculpte un noir et blanc velouté au service d’un puzzle narratif visuel captivant
Le noir et blanc de Pompei, Sotto le Nuvole enveloppe Naples et les abords du Vésuve d’un voile presque tactile. La granulation fine, la profondeur des noirs et le modelé des gris génèrent une matière picturale qui évoque la poussière des fresques antiques autant que la brume marine. L’effet est double : un visuel captivant qui sublime chaque texture et, en sous-couche, l’idée d’une pluie de cendres qui ne cesse jamais vraiment de retomber. Cette approche, rare dans le cinéma italien contemporain, soutient un film documentaire où chaque plan devient une pierre du puzzle narratif.
Plutôt que de chercher l’éblouissement spectaculaire, Gianfranco Rosi cultive la douceur : un noir et blanc « velours », moelleux et diffus, qui transforme la ville et ses tunnels en chambre noire géante. Le contraste contrôle le rythme émotionnel : les séquences en demi-teinte instaurent l’attente, les contre-jours font surgir l’incertain, les blancs surexposés frôlent l’abstraction. Les corps sont cadrés avec une économie chorégraphique : la main d’un archéologue brosse une amphore, la semelle d’un pompier crisse sur la poussière volcanique, une enseignante trace à la craie une carte du Vésuve comme on redessinait un destin.
La palette de la cendre : textures, reflets et profondeur
Le travail de lumière se lit à même la matière : draps suspendus, sols en lave, vitres embuées, eau stagnante dans les souterrains. La ville devient un laboratoire optique. Une vitrine renvoie la silhouette d’un enfant à celle d’une statue ; une flaque change un mur en planétarium. Le cadre fixe invite à scruter les détails, comme une fouille à ciel ouvert. Cette patience transforme l’histoire ancienne en sensation présente.
- 🌋 Cendres, brouillard, vapeur : des halos qui sculptent l’espace et créent des zones d’ombre signifiantes.
- 🏺 Objets-reliques : amphores, mosaïques, casques de pompiers… dialoguent par leurs textures.
- 🎬 Plans-séquences : respiration lente, qui laisse affleurer l’émotion au tempo de la ville.
- 🚪 Seuils, tunnels, portes : un motif récurrent qui organise le passage du passé au présent.
- 🌊 Reflets et surfaces lisses : questionnent la mémoire comme une image qui se forme dans un bain révélateur.
| Choix visuel 🎥 | Effet émotionnel 💓 | Sens narratif 🧩 |
|---|---|---|
| Noir et blanc velouté | Intimité, proximité, mélancolie | Suspension temporelle entre Pompei et aujourd’hui |
| Contre-jours et silhouettes | Mystère, attente | Présence des absents, histoire ancienne en creux |
| Textures de pierre et de lave | Concrétude, densité | Strates de mémoire visibles à l’œil nu |
| Reflets et vitrines | Étrangeté poétique | Double lecture, visuel captivant qui redouble le réel |
| Plans longs, sons diégétiques | Immersion, écoute active | Le quotidien devient rituel, exploration urbaine sensible |
Cette grammaire de la cendre fait de la lumière une matière narrative : voir ici, c’est fouiller. Le spectateur devient presque archéologue, invité à recomposer un visage, une époque, un lien qui se dérobe et se révèle.

« Pompei, Sotto le Nuvole » et l’architecture du montage : un chef-d’œuvre qui assemble la ville en puzzle narratif
Le montage au long cours—trois ans de tournage et de réécriture continue—confère au film une structure de puzzle narratif. La salle de montage, décrite par l’équipe comme un laboratoire, devient une extension des ruelles, des galeries et des fouilles. Chaque séquence appelle une sœur, un écho, un contrepoint. L’absence de voix off et d’entretiens directs laisse les images se répondre et crée un langage tacite où le bruit d’une pelle dialogue avec un chant religieux, où une sirène de pompiers rime avec un souffle de vent sur une mosaïque.
Des figures de passeurs organisent la circulation : archéologues, pompiers, enseignants, habitants. Le récit n’avance pas en ligne droite ; il spiralise, il revient, il recombine. À chaque boucle, l’émotion gagne en densité. On pense à un chef-d’œuvre de montage intuitif, qui préfère le lien secret à l’explication. Le plan devient phrase, le silence, ponctuation. La ville, elle, offre sa syntaxe : escaliers, arches, seuils, embarcadères.
Composer avec le réel : protocoles d’assemblage et échos thématiques
La méthode se lit dans les raccords. Un tunnel de Pompei débouche sur une bouche de métro ; la poudre grise d’un objet excavé répond à un ciel bas au-dessus du port. Ces métaphores concrètes naissent dans l’image et non dans un commentaire. La narration s’invente par voisinage, par frottement, par retour de motifs. D’où une sensation de monde à reconstruire, pièce par pièce.
- 🧭 Récurrence de motifs : tunnels, seuils, fumées, gestes techniques.
- 🔁 Boucles et reprises : retours d’un lieu à différentes heures ou saisons.
- 🎚️ Variation de distance : gros plans tactiles vs. plans larges stratégiques.
- 🧩 Juxtapositions signifiantes : gestes contemporains au miroir de l’histoire ancienne.
- 🔍 Ellipses assumées : le spectateur complète, comme dans une fouille ouverte.
| Pièce du puzzle 🧩 | Correspondance visuelle 🔗 | Idée sous-jacente 💡 |
|---|---|---|
| Archéologue brossant une amphore | Pompier nettoyant une buse | Prendre soin du passé comme du présent |
| Fumée au-dessus des Champs Phlégréens | Encens dans une chapelle | Le sacré et le volcanique, même respiration |
| Écoliers traçant la carte du Vésuve | Vieille carte postale de Pompei | Transmission, échelle du temps |
| Train entrant dans un tunnel | Galerie souterraine antique | Continuité des circulations |
| Mer agitée dans la baie | Mosaïque ondulée restaurée | La ville comme palimpseste |
Pour accompagner cette lecture, une bande-annonce suffit à faire sentir la logique en échos du film : tout est question de raccords sensibles, d’images qui se parlent.
Cette écriture par raccords, sans voix off, invite à l’attention active. Le spectateur devient l’éditeur invisible du film, à la recherche du fil qui noue les fragments.
« Pompei, sotto le nuvole » : Naples, le Vésuve et les Champs Phlégréens, une exploration urbaine à la lisière de l’histoire ancienne
Le film capte une ville en apnée : Naples, au pied du Vésuve, sous l’influence des Champs Phlégréens, où l’activité sismique reconfigure la perception du temps. Les images tracent une exploration urbaine qui ne fétichise pas la ruine ; elles observent comment le présent se fabrique à partir de strates superposées. Les arches antiques encadrent les gestes du quotidien, une barque longe un quai où s’alignent des sarcophages, des travaux routiers déterrent un fragment inattendu. La mémoire n’est pas vitrine : elle marche, elle parle, elle cuisine, elle enseigne.
Pour rendre ce réseau vivant, le film s’attache à des trajectoires. Une professeure de collège, Marta, emmène sa classe dans les souterrains ; un plongeur municipal vérifie les amarres pendant qu’un guide décrit une fresque de Pompei découverte la semaine précédente ; une brigade de pompiers effectue un exercice d’évacuation. Ces lignes se croisent et construisent un portrait polyphonique d’une ville « en suspens », où l’anticipation du risque façonne les gestes les plus simples.
La ville-palimpseste : coexistence du quotidien et de l’exception
L’un des paris de Gianfranco Rosi tient dans la proximité. L’exceptionnel n’annule pas le banal ; il le baigne. Une prière à la lueur d’une bougie dans une crypte, un marché où l’on pèse des poissons encore brillants, une pluie fine qui transforme la poussière en boue : autant d’instants fragiles qui ancrent le film du côté du sensible. Quand les Champs Phlégréens grondent légèrement, ce sont des visages qui changent, pas seulement le ciel.
- 🗺️ Lieux-phares : Pompei, Spaccanapoli, port de Mergellina, Solfatara.
- 🧑🏫 Métiers observés : enseignants, archéologues, pompiers, restaurateurs de mosaïques.
- 🌋 Signes du risque : micro-secousses, fumerolles, protocoles d’alerte.
- 🏛️ Traces actives : fresques, amphithéâtres, pavés, tunnels antiques réinvestis.
- 🚶 Rituels urbains : balade du soir, bains de mer en hiver, stations dans les églises.
| Strate temporelle ⏳ | Manifestation urbaine 🏙️ | Résonance thématique 🎭 |
|---|---|---|
| Antiquité de Pompei | Mosaïques, villas, cendres | Mémoire incarnée, fragilité des civilisations |
| Baroque napolitain | Chapelles, processions | Rituels collectifs, survie par le symbolique |
| Modernité industrielle | Ports, voies ferrées | Circulations, risques, interdépendances |
| Présent sismique | Fumerolles, exercices de sécurité | Vivre avec l’incertitude, éthique du soin |
| Imaginaire cinéphile | Cadres, reflets, ombres | Visuel captivant au service du sens |
Ce regard contextualise sans didactisme. La ville parle d’elle-même, par ses surfaces et ses gestes, et transforme le spectateur en arpenteur des correspondances.

Mostra de Venise, prix spécial du Jury et débats critiques : l’esthétique majestueuse de Gianfranco Rosi questionnée
Présenté en avant-première à Venise, Pompei, Sotto le Nuvole a décroché un Prix spécial du Jury, consacrant son audace formelle et sa cohérence poétique. Le retour de Gianfranco Rosi au noir et blanc, plus de trois décennies après, a été salué comme un geste fort. Mais la puissance plastique du film a également suscité un débat fertile : jusqu’où la beauté peut-elle aller sans tenir la vie à distance ?
Plusieurs critiques ont loué l’orfèvrerie des images tout en pointant la sensation d’un écrin trop parfait. Certains y perçoivent une « pluie de cendres » maintenue volontairement sur la ville, comme si l’esthétique du chef-d’œuvre risquait d’étouffer le tumulte napolitain. D’autres apprécient le jeu d’indices, la quête active que ce puzzle narratif propose, sans interviews ni voix off. Ce dissensus témoigne moins d’une faiblesse que de la capacité du film à frictionner les regards.
Points forts, réserves et contexte de réception
Les enthousiastes applaudissent un cinéma de pure présence, où chaque plan condense un réseau de sens. Les réserves épinglent un « majestueux » un peu appuyé, qui rend le chaos contemporain plus discret. Dans tous les cas, l’œuvre s’impose comme une proposition rare du cinéma italien documentaire, qui assume le risque du lyrisme pour mieux interroger notre rapport au temps.
- 🏆 Récompense : Prix spécial du Jury à Venise, reconnaissance de l’audace formelle.
- 🖤 Retour au noir et blanc : premier long documentaire de Rosi ainsi tourné depuis 32 ans.
- 🧪 Méthode intuitive : montage laboratoire, écriture en continu sur trois ans.
- 🗣️ Sans voix off : confiance dans l’image, l’espace sonore et le spectateur.
- 🗓️ Sortie en salle : mercredi 19 novembre, événement pour les amateurs d’exploration urbaine poétique.
| Regard critique 📰 | Points salués ✅ | Réserves émises ⚠️ |
|---|---|---|
| Approche formelle | Somptuosité, cohérence, précision | Images « sous cloche » pour certains 😶🌫️ |
| Structure | Puzzle narratif stimulant | Dispersion perçue par moments 🧭 |
| Rapport au réel | Poésie du quotidien, écoute | Manque de « chaos » contemporain pour quelques voix 🔊 |
| Impact | Réflexion sur fragilité et mémoire | Esthétisme jugé parfois « trop » 🎭 |
| Récompense | Prix spécial du Jury | Attentes accrues auprès du public 🎟️ |
Pour prolonger la réflexion, une recherche d’entretiens et d’extraits de débats permet de saisir la diversité des réceptions et la richesse des interprétations qu’appelle le film.
Entre admiration et friction, la réception souligne la force d’un geste qui assume ses choix et réveille notre regard.
Voir et revoir « Pompei, Sotto le Nuvole » : repères de visionnage, comparaisons et conseils pratiques
Pour entrer au mieux dans ce film documentaire aux lignes sensibles, quelques repères facilitent la découverte. L’idéal est de le voir en salle, là où le noir et blanc révèle ses textures fines et où l’espace sonore respire. À domicile, une attention à la luminosité et au contraste évitera de « boucher » les noirs ou d’éteindre les hautes lumières. Sur le plan de la curiosité, un détour par les précédents films de Rosi—Sacro GRA et Fuocoammare—éclaire la cohérence de sa méthode : portrait d’écosystèmes en friction, patience du cadre, politique de l’ordinaire.
Le film parle autant à l’amateur d’histoire ancienne qu’à celui d’exploration urbaine. Il peut se vivre comme un carnet de correspondances : notations visuelles, sons, gestes, lieux. Chaque visionnage révèle un nouveau lien, une rime secrète, une énigme qui s’ouvre. Un bon parti pris consiste à choisir un motif (les seuils, les reflets, les fumées) et à le suivre tout du long : le puzzle narratif se réorganise alors sous vos yeux.
Cartographier sa séance : profils de spectateurs et pistes de lecture
Qu’attendre selon son profil ? Les amateurs de photographie savoureront la précision des gris et la profondeur de champ. Les passionnés de Naples y verront une topographie sensible du risque et de la mémoire. Les spectateurs plus « story-driven » gagneront à embrasser l’errance comme méthode : ici, l’intrigue est une circulation d’échos plutôt qu’une suite d’événements.
- 🎥 À observer de près : textures (pierre, métal, peau), reflets, cadres dans le cadre.
- 👂 À écouter : cloches, sirènes, souffle du vent, pas dans les tunnels—bande-son du quotidien.
- 🧭 À relier : Pompei, Vésuve, Champs Phlégréens—cartographie des risques et des rituels.
- 📚 À comparer : Sacro GRA, Fuocoammare, et d’autres œuvres du cinéma italien contemplatif.
- 📝 Astuce séance maison : luminosité modérée, contraste doux, distractions coupées 🔕.
| Profil spectateur 👀 | Promesse du film 🌟 | Petit défi 🎯 | Conseil pratique 🛠️ |
|---|---|---|---|
| Photophile | Gris somptueux, cadre millimétré | Lenteur assumée | Regarder la « matière » des plans 🔍 |
| Historien·ne amateur | Strates de l’histoire ancienne | Absence d’explications frontales | Suivre les motifs comme des indices 🧩 |
| Fan d’exploration urbaine | Arches, tunnels, seuils | Repères temporels flous | Cartographier les lieux observés 🗺️ |
| Spectateur « narratif » | Rimes visuelles et émotionnelles | Moins de « plot », plus de présence | Accepter la dérive poétique 🌊 |
| Cinéphile Rosi | Continuité avec Sacro GRA et Fuocoammare | Moins de points d’ancrage verbaux | Comparer les procédés de montage 🔁 |
Ces repères transforment la projection en expérience active. On sort avec la sensation d’avoir marché dans une ville et d’en avoir ramené un carnet de correspondances intimes.
Ce film est-il accessible à un public non spécialiste du documentaire ?
Oui. L’absence de voix off et l’écriture par images rendent l’expérience intuitive. Le film demande une attention calme, mais son montage sensible guide le regard sans jargon.
Pourquoi le noir et blanc ici ?
Le noir et blanc unifie les strates de temps, sculpte la matière (pierre, cendre, eau) et propose une ‘pluie de cendres’ visuelle qui relie Pompei au présent. C’est un choix esthétique et narratif.
Y a‑t‑il une intrigue à suivre ?
Plutôt qu’une intrigue classique, le film tisse un puzzle d’échos entre lieux, gestes et sons. Le plaisir vient des correspondances plus que des rebondissements.
Faut-il voir les autres films de Gianfranco Rosi avant ?
Pas nécessaire, mais utile. Sacro GRA et Fuocoammare éclairent la continuité de sa méthode : patience du cadre, attention au quotidien, montage en laboratoire.
Quand le film sort-il en salles ?
La sortie est annoncée pour un mercredi 19 novembre. Renseignez-vous auprès de votre salle locale pour la programmation exacte et les éventuels débats organisés.
Léna scrute les tendances des plateformes et repère les phénomènes séries avant tout le monde. Son ton vif et accessible lui permet de transmettre son enthousiasme sans jamais sacrifier la précision. Elle aime dénicher les talents émergents du petit écran.
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