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States Of Grace

C’est muni de sa propre expérience d’éducateur spécialisé que le jeune Destin Cretton décide de passer du court au long métrage, bouleversant ainsi nos cœurs avec cette pépite aussi inattendue qu’apeurée.

S’il faut du cran pour s’occuper au quotidien de jeunes en difficultés, il en faut d’autant plus pour éviter de tomber dans les clichés du psychodrame larmoyant. En cela le réalisateur Destin Cretton, qui n’en est qu’à son deuxième film, sait pourtant comment garder l’équilibre et tenir sur un fil sans jamais vraiment tomber. Brut et quasi-naturaliste, States of Grace (au bien meilleur titre original : Short Term 12) se révèle à la fois solide dans son propos et aussi fragile que ses protagonistes.

Alors on se laisse facilement happer par ses vies croisées, ses coquilles malmenées tentant d’éclore sans trop d’éclats. States Of Grace s’établit sans artifice, dévoilant chacun de ces personnages au gré de leurs confidences, des paroles dures n’enrayant en rien l’optimisme singulier de ce film. Car si pour ces mineurs cabossés et leurs éducateurs l’avenir semble flou, States Of Grace lutte avec acharnement pour rétablir ordre et espoir.

Un défi quotidien relevé avec ardeur et passion par un couple de jeunes éducateurs bienveillants, un duo brillamment interprété par Brie Larson (United States Of Tara, Don Jon, 21 Jump Street) et John Gallagher Jr. (The Newsroom). Grace (Brie Larson) doit ainsi gérer l’arrivée d’un nouveau formateur au sein de l’équipe et de pensionnaires dans le centre pour adolescents dont elle s’occupe. Un job où la dévotion laisse rarement place au repos et dont chacun, éducateur ou pensionnaire, ressort grandit.

Récompensé à plusieurs reprises (Festivals de Deauville, Locarno…), States Of Grace se déploie avec délicatesse pour atteindre une quasi maîtrise de vol. Un pari osé pour le réalisateur trentenaire et peu chevronné Destin Cretton qui, au delà d’être d’une douce subtilité, maintient le cap et sait redonner une forme de sourire au chaos. States Of Grace porte mal son nom, ici rien ne tourne autour d’une seule et même personne, les parcours s’entrecroisent pour mieux s’éloigner, les tourments n’ont pas d’âges, ni même l’apprentissage. Pas de triche, de clichés ou d’égotrip, juste des instants de grâce, où la noirceur n’est qu’une ombre et le rap s’envisage comme seule vengeance, un coup de cœur libérateur et assuré.