Au cœur d’une époque où la tendance est à remiser aux placards les esprits caustiques et frondeurs, il reste difficile d’aborder de front certains sujets qui fâchent. Bien heureusement, cette comédie ose et s’amuse sur le fil du rasoir à dépeindre avec humour le racisme ordinaire.
Derrière le vieux briscard Christian Clavier, une jeune génération de comiques déboule avec enthousiasme pour assurer la relève et s’invectiver joyeusement. Claude Verneuil (Christian Clavier) et son épouse Marie (Chantal Lauby) vivent un calvaire. Trois de leurs quatre filles ont épousé des hommes issus de l’immigration. Leur patience est mise à rude épreuve et tous leurs espoirs reposent maintenant sur la petite dernière. Alors, lorsque celle-ci leur annonce son mariage prochain avec un fervent catholique, qu’elle n’est pas leur joie !
Question comédie franchouillarde, le ton est donné. L’objectif avoué est de moquer les petits travers de notre société dans les grandes largeurs. Et rien ni personne n’est épargné : catholiques, juifs, arabes, chinois, africains, le concept d’immigration harmonieuse est éprouvé non-stop à coup de petites réflexions assassines et de clichés bien sentis. Ce qui pourrait s’apparenter à un jeu de massacre sait à tout moment rester dans les clous, hors de tout règlement de compte gratuit. Primauté au rire, avec des situations faussement tendues et un détricotage méthodique des habituels poncifs que chacun peut se faire sur son prochain.
Les comédies blafardes et sans relief ont peut être vécu leur dernier soupir avec Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu ?. Ce film ose rire de tout et il n’y a pas meilleur remède pour exorciser les peurs. Christian Clavier ressuscite et joue avec bonheur un catholique campé sur ses positions rétrogrades, épaulé joyeusement par une Chantal Lauby tiraillée entre ouverture d’esprit et vieux instincts grégaires. Ce couple est la bonne idée du film et traverse toutes les étapes d’un malaise. Leurs filles cumulent quant à elles des attitudes faussement affranchies. Les stéréotypes ont la peau dure et l’adjonction des gendres que tout oppose accouchera avec audace de situations irrésistibles.
Heureuse idée que cette volonté de moquer la futilité en mettant tout le monde au pied du mur. Ici personne n’est épargné, la confrontation est directe et tout le monde sera sauvé. Sans compromis, ce film est la cure parfaite contre la grisaille ambiante. Quelques facilités de ci de là n’empêcheront pas Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu ? de trouver et d’amuser un large public.