La voleuse de livres (The Book Thief en version originale) est l’adaptation du best seller éponyme, pour jeunes adultes, du romancier australien Markus Zusak.
Loin du succès et des 8 millions d’exemplaires vendus par l’auteur du livre, le réalisateur de cette adaptation cinéma, le britannique Brian Percival, fait figure d’inconnu. Et pour cause, son parcours se résume principalement à des séries télévisées dont, la très chic, Downton Abbey. Ceci expliquant très certainement la sage et classique mise en scène de ce film aux faux airs british.
Et pourtant, l’histoire se déroule dans une Allemagne à l’aube de la seconde guerre mondiale, où Liesel (Sophie Nélisse), une jeune fille illettrée, venant de perdre son frère en chemin et abandonnée par sa mère, se voit trouver refuge chez un couple Munichois. Attristée et complètement déboussolée, Liesel aura bien des raisons de tester sa nouvelle famille d’adoption (Geoffrey Rush et Emily Watson) et de se rebeller contre la censure faisant déjà office en Allemagne. Car la jeune fille a décidé d’apprendre à lire, et c’est bien là tout l’intérêt de ce jeune parcours, une initiation lente et à demi-mots, pour laquelle la jeune fille prendra le risque de voler des livres devenus interdits à la population.
Brian Percival, quant à lui, retranscrit sans se mouiller, lissant chaque trait pour en extraire une certaine forme de poésie, une quête de lyrisme bien trop poussive pour servir correctement cette émouvante tranche de vie. L’Allemagne côté civil n’est certainement pas le premier choix des films traitant cette période, alors l’occasion était surtout donnée de s’émanciper des peurs et autres réticences. Mais comme tout conte, La voleuse de livres balaye d’un courant d’air les mauvaises passades et la mort devient une chérissante narratrice, nous faisant regretter que les boucles de notre jolie blonde ne s’emmêlent jamais vraiment.
D’une beauté certaine, La voleuse de livres demeure dans son adaptation une histoire pour jeunes adultes, contant sans relâche ses destins s’entrecroisant avec cœur mais toujours au mauvais endroit. Cette lutte attachante d’une petite fille préférant la douceur des livres à la noirceur de la ville, le tout sous la diction pesante de la faucheuse. Théâtralisée tel un nuage noir planant au dessus de chaque tête, épargnant de son ultime malmenage les anglaises de cette fillette dont la naïveté assure l’empathie. Alors La voleuse de livres reste en surface et ne creuse jamais, s’exerçant à sublimer les partitions d’un John Williams, un peu moins inspiré et plus subtil qu’à l’accoutumée. Une mise en lumière timide mais pleine de promesses, à l’esthétique soignée et à l’humanité résistante, une imagerie composée dans un langage qui parlera davantage aux enfants, ceux-là même qu’il est toujours bon d’éveiller à l’histoire et à la tolérance.