Dix ans après la Palme d’Or Le vent se lève, Ken Loach clôt la boucle et revient en terre irlandaise pour ce qui semble s’annoncer comme sa dernière fiction : Jimmy’s Hall (sélection officielle du festival de Cannes 2014).
Une forme classique pour un fond à contre courant, rien de bien novateur dans le cinéma engagé du cinéaste britannique. Ken Loach délivre avec Jimmy’s Hall une tranche de vie au caractère profondément humaniste. Abordant sans relâche l’éternelle question des libertés individuelles et des disparités sociales dans un climat économique gelé.
Inspiré d’une histoire vraie, Jimmy’s Hall trouve racine dans une Irlande post guerre civile des années 30 où l’Église conservatrice et l’État prônent avec complicité le tout contrôle. Un pouvoir répressif revendiqué dont Jimmy (Barry Ward), un activiste communiste de retour en Irlande après dix ans d’exil aux États-Unis, se lave les mains. Bien décidé à aider les plus démunis et à dérider son pays.
Dans sa révolte, Jimmy (Barry Ward) sait autant se faire des alliés que des ennemis. De retour au bercail et bien décidé à redonner vie à un dancing abandonné et lieux de partage bénévole, ce dernier va signer son futur avis d’expulsion. Avec son élégant gramophone ramené des États-Unis et ses disques, le jeune homme aux convictions politiques solides, use de ses dernières forces pour contrer l’autorité et raviver cet espace de liberté et de culture.
Dans son fond, Jimmy’s Hall possède toutes les qualités d’un bon film militant, une fresque à hauteur d’homme et une lutte engagée contre la domination idéologique, ici de l’Église, mais manque sévèrement de fronde dans sa mise en scène, pour le moins passive. Un portrait de crise, un peu longuet mais plutôt d’actualité, où les idées progressistes des jeunes défenseurs d’une justice sociale ouvrent le débat. Si Jimmy’s Hall est bien son ultime fiction, Ken Loach se retire avec simplicité et surtout avec des références marxistes plein les poches.