Clint Eastwood sort ses vieux vinyles du grenier pour nous livrer avec une certaine flânerie ses préférences.
Mélomane, Clint Eastwood n’en est pas à son premier film musical et après Bird ou HonkyTonk Man, celui qui aujourd’hui ne se présente plus a décidé d’exposer le parcours de quatre garçons dans le vent. Jersey Boys revient sur l’ascension du groupe des sixties les Four Seasons (Can’t Take My Eyes Off You…), soit des petites frappes italo-américaines du New Jersey oscillant entre talent certain et petites magouilles.
Un pied dans la mafia et un autre sur scène, Jersey Boys déploie avec indolence une success story teintée de cynisme et marquée par la rue. Déjà adapté en comédie musicale à succès, Clint Eastwood entend bien porter le destin de ces quatre jeunes hommes au-delà des planches de Broadway. Une reconstitution classique reprenant dans les rôles premiers les chanteurs du show.
En passe de mal tourner, ces gamins de milieu modeste décident de tout miser sur leur ami Frankie (John Lloyd Young) et chanteur de leur groupe à la voix si spéciale. Un pari sur l’avenir qui va s’avérer payant. Leur chansons deviennent non sans mal des tubes et la belle vie s’ouvre à eux. Oui mais voilà, planent au dessus de leurs têtes les querelles, les égos et un parrain mafieux (Christopher Walken).
À plus de 80 ans, le réalisateur Clint Eastwood semble dévoiler ses premières marques de paresse. Non que Jersey Boys ne soit pas maîtrisé parfaitement de la mise en scène à la reconstitution, mais c’est finalement d’un manque de clinquant dont pêche le film. Malgré des notes d’humour passagères et une formation prétexte à dépecer l’explosion du groupe, Jersey Boys enchante moins qu’il chantonne. Faisant preuve d’une humilité de tous les instants, le film s’éteint progressivement face à ses anti-stars sans grandes histoires. Mais si les paillettes ont un peu trop délaissé ce rêve américain, les mélodies nostalgiques, elles, restent entraînantes.