En pleine ère des rencontres 2.0, le réalisateur arty Spike Jonze (Dans la peau de John Malkovich, Max et les Maximonstres) dépeint les affres de l’amour comme personne.
Pour son quatrième film, Spike Jonze assume chacune de ses petites manies et éclaire brillamment ses sujets. Dans un futur proche et sur fond d’introspection, Her relate le quotidien solitaire de Theodore (Joaquin Phoenix, simplement parfait) âme sensible et inconsolable, tentant de digérer un divorce. Oscar du meilleur scénario, Her séduit avec finesse et explore, sans jamais se perdre, les stigmates d’une génération pleinement reliée au virtuel.
D’une sensibilité monstre, Her s’établit autour de la dépression de son hôte, faisant le pari d’utiliser sa rupture comme tremplin sans jamais tomber dans le larmoyant. Spike Jonze ne juge personne et part en chasse des fantômes de son ordinaire mais quasi-unique personnage. L’expérience pourtant insolite est véritable, intuitive et Her drague ouvertement notre imagination. Un film à la bonne compagnie qui, faute d’en avoir, prend réellement au corps, et qui se révèle d’une consistance aussi juste que connectée.
Totalement dans une impasse, Theodore (Joaquin Phoenix) tente de remonter la pente en faisant l’acquisition d’un nouveau système d’exploitation ultramoderne pour l’ensemble de ses appareils connectés. Le programme censé lui simplifier la vie, se veut être un assistant personnel et un bon ami virtuel au quotidien. Une intrusion délibérée, au-delà des simples données, qui porte le doux nom de Samantha (Scarlett Johansson) et dont la seule voix va réussir à l’extraire de son malheur.
Irrésistible, Her se révèle la plus douce claque de ce début d’année. Très certainement l’une des plus belles et plus maligne déclaration à l’amour, peu importe sa forme, tant que le sentiment persiste. Un audio-guide amoureux qui se questionne mais qui n’épingle en rien les technologies nouvelles, préférant leur accorder un bénéfice selon l’usage. N’appartenant précisément à aucun genre, Her n’est qu’élégance, mesure, empreinte et présence (à noter une fabuleuse B.O signée Arcade Fire et Karen O pour un titre).
Quand la technologie s’érotise et réchauffe les cœurs brisés, c’est l’œuvre du rusé Spike Jonze, un cinéaste aussi nécessaire que singulier, de la plus belle des manières.