Dans l’ombre de Mary signe une virée inédite et captivante dans les coulisses de la célèbre production multi-oscarisée : Mary Poppins.
Derrière la magie réservée au grand écran, le film retrace les étincelles du duo créateur, un binôme de conteurs souvent taquin, parfois manipulateur et dresse un hommage attendu, rendant juste mémoire, aux origines de cette histoire. Un récit au succès initial littéraire et dont les droits d’adaptation n’ont pas été une mince affaire à acquérir pour les studios Disney.
Des difficultés de respecter l’oeuvre originale à la magie opérant sur grand écran, il faut compter sur une grande patience. Dans l’ombre de Mary emboite le pas à cette éreintante marche, ce chemin sinueux de la conception où les égos préfèrent se chamailler et s’observer, bien avant que les idées fusent.
Dans l’ombre de Mary offre un voyage symbolique dans les bureaux de Walt Disney, où l’homme derrière la firme Mickey n’envisage jamais l’échec. Le charismatique Walt Disney (brillamment interprété par Tom Hanks) souhaite depuis longtemps donner vie à Mary Poppins, dont ses filles sont férues des livres. L’homme, peu enclin à accepter un énième refus, va alors tout mettre en oeuvre pour arriver à ses fins. Une aspiration pourtant constamment avortée par Pamela Lyndon Travers, auteure et créatrice du personnage (superbe Emma Thompson), révulsée par la fantaisie et l’animation Disney, somme toute peu décidée à céder les droits de son roman à l’impitoyable machine Hollywoodienne.
Sans être un making of du tournage de Mary Poppins avec Julie Andrews et Dick Van Dyke, Dans l’ombre de Mary s’intéresse aux évènements survenus quelques années auparavant. Quand Walt Disney se décidait donc, après maintes tentatives infructueuses, à inviter l’entêtée romancière dans ses studios de Los Angeles afin de la convaincre de vive voix. Un séjour qui prendra la forme d’une introspection pour celle qui jusqu’alors refusait d’affronter pleinement les fantômes de son passé.
Sous sa forme somme toute académique, Dans l’ombre de Mary mêle flash-backs et genres avec aisance pour délivrer, sous un soupçon de féérie, les fragilités liées à la création d’un film. Des névroses d’une auteure vieille-fille aux cicatrices d’une petite fille à l’imagination débordante, des rêves fous d’un homme au coeur solide mais à la santé dissonante, le film tire profit d’un duo principal aussi caractériel qu’attachant.
On se laisse volontiers envelopper par ces indémodables airs et les performances de ce brillant casting. Dans l’ombre de Mary signe un rappel plaisant sur les origines d’un classique, la juste dose de nostalgie, d’humour et un goût d’enfance retrouvé, en plus.
