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Boyhood

Parce que grandir est toute une histoire, le réalisateur Richard Linklater (la série des Before Sunrise, Sunset, Midnight ou Rock Academy), offre avec Boyhood un sublime voyage à travers les années et les souvenirs de famille.

Élaboré il y a plus de dix ans, le projet Boyhood fait figure d’original dans le paysage cinéma en ayant étalé son tournage sur 12 années et gardé les mêmes acteurs du début à la fin du projet. Ainsi embarqués dans l’aventure, personne ne savait vraiment où l’histoire allait les mener, mais Richard Linklater a réussi à convaincre son équipe de le suivre et de se réunir quelques jours tous les ans pour tourner des scènes du film.

Une évolution douce où les personnages et les acteurs grandissent sous nos yeux, dévoilant une belle et nécessaire complicité. Sans jamais brusquer le temps Boyhood revient sur les moments clefs de l’enfance de Mason (Ellar Coltrane) avant de s’éclipser au devant de sa nouvelle vie d’adulte. Une immersion unique dans la vie de famille où fiction et réalité s’entremêlent avec fluidité, et où les ellipses se font avec un naturel aussi désarmant que le jeu des protagonistes.

Débutant le tournage à l’âge de 6 ans et le terminant à ses 18 ans, le jeune Ellar Coltrane a signé très jeune le (peut-être) plus long contrat de sa vie, un pari fou dans lequel le garçon s’est réellement trouvé une seconde famille. Revenant sur la vie de ce jeune garçon au Texas et de sa famille recomposée, des week-ends avec son père (Ethan Hawke) et sa sœur (Lorelei Linklater) à son déménagement ou à ses prises de bec avec sa mère (Patricia Arquette), de ses premiers émois à son entrée à l’université, Boyhood capture avec la plus grande simplicité les émotions singulières de Mason et sa petite tribu.

Présenté à Sundance et ours d’argent au festival de Berlin 2014, Boyhood cumule les points forts. Le temps passe, les livres Harry Potter sortent, les téléphones se font plus fins, de Arcade Fire en passant par Coldplay (sublime B.O), Boyhood traverse les époques avec une aisance inouïe. Et si l’avenir du film était incertain avec son scénario ouvert inévitablement lié au hasard, Richard Linklater a su réaliser une œuvre inédite où les identités s’affirment au gré du temps.

Une démarche documentaire pour un film de fiction où le temps dévoile toute sa splendeur. Richard Linklater décortique la vie de famille dans ce qu’elle a de plus beau, de ses moments sombres à ses fous rires, avec une authenticité souveraine qui ne peut que séduire. Boyhood assigne ainsi l’incroyable entrée dans la vie adulte de Ellar Coltrane, qui, mieux que d’avoir de simples photos, possède aujourd’hui quelques vestiges de son enfance au cinéma.

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