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3 fois Manon : la mini-série coup de poing sur la violence adolescente

3 fois Manon montre avec une incroyable finesse et une minutieuse empathie la violence de l’adolescence dans le milieu des maisons de redressement.

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Documentariste connu pour avoir longuement travaillé sur le milieu judiciaire, Jean-Xavier de Lestrade nous livre cette fois-ci une fiction déroutante et poignante sur le rapport des mineurs à la justice et leur prise en charge par les maisons de redressement.

Au cours de 3 épisodes, on suit le vacillement de Manon – jeune fille de 15 ans au visage de poupée et aux mots assassins – dans une violence incontrôlable et incomprise. Au départ, on observe honteusement Manon comme un spectateur impuissant et abasourdi, qui regarderait avec sidération un animal sauvage tenter de sortir de sa cage. Mais, peu à peu, on commence à comprendre, on se rapproche de ce personnage dont on ne pourra bientôt plus se détacher. On suit l’évolution d’une Manon plus enfant que femme se débattant moins avec les autres qu’avec elle-même.

Si elle crie et qu’elle griffe, c’est précisément parce qu’elle ne trouve pas les mots pour s’exprimer autrement. Les insultes et les accès de rage, allant parfois jusqu’à frôler la folie, sont les seuls moyens pour elle de se battre avec la réalité.

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L’histoire nous porte et nous transperce. Via un regard caméra souvent focalisé derrière sa nuque, on suit peu à peu la découverte d’un monde bien loin du nôtre, témoins impuissants de la violence de toutes ces jeunes filles aux gestes choquants et au langage outrancier – sans jamais, pourtant, que leur portrait ne tombe dans le cliché ni le jugement.

3 fois Manon, c’est aussi l’histoire d’adolescentes que personne n’écoute – si ce n’est quelques éducateurs peu soutenu par un système défaillant. Prétendant vouloir leur éviter la prison en les plaçant dans un centre éducatif, on découvre rapidement que la justice les envoie dans une structure judiciaire ne s’éloignant que peu du milieu carcérale. Sans moyens, avec trop peu de personnel, les dirigeants des maisons de redressement cataloguent les jeunes avant même qu’ils aient eu la possibilité de faire leurs preuves. Un point d’interrogation est dessiné progressivement et discrètement par le réalisateur : ne s’agirait-t-il pas de remettre en cause la mauvaise prise en charge de ces adolescents qui ne cessent de crier au secours ?

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